Le sport : nouvelle thérapeutique des maladies chroniques du XXIe siècle

Le sport : nouvelle thérapeutique des maladies chroniques du XXIe siècle

Le sport : nouvelle thérapeutique des maladies chroniques du XXIe siècle

Activité physique et maladies chroniques : quels effets et dans quel cadre ?

Une activité physique adaptée aux personnes atteintes d’une maladie chronique est favorable à leur santé. Il s’agit de déterminer quel type d’activité, dans quel cadre et avec quel accompagnement.

Activité physique et maladies chroniques : de quoi parle-t-on ?

Les maladies chroniques sont des affections très variées (au moins 200 pathologies dont la liste s’accroît) non transmissibles pour la plupart, physiques (cardiovasculaires, pulmonaires, cancers, diabète, etc.) ou mentales, évolutives, de longue durée (plus de six mois) et qu’on ne guérit généralement pas.

Les principaux facteurs de risque individuels des maladies chroniques

Les facteurs de risque comportementaux modifiables sont le tabagisme, l’inactivité physique et la sédentarité, l’alimentation déséquilibrée et la consommation d’alcool. Vu leurs bénéfices en termes de réduction de la morbidité, de la mortalité, les interventions préventives sur ces facteurs de risque liés au mode de vie sont essentielles . Dans ce dossier d’Adsp, nous nous intéressons particulièrement à l’activité physique chez les personnes atteintes de maladie chronique.

Reconnaissance de l’activité physique comme une thérapeutique validée des maladies chroniques

Ainsi, l’activité physique, et la capacité physique qui en découle, en amont du diagnostic de la maladie chronique, au moment du diagnostic, au cours du parcours de soins et dans la vie de tous les jours, joue un rôle primordial dans la prévention et la diminution des complications de la plupart des maladies chroniques et dans la quête de la préservation de l’autonomie. L’activité physique est maintenant complètement reconnue comme une modalité de prévention et de traitement de la plupart des maladies chroniques. C’est la raison pour laquelle les recommandations de l’OMS sur l’activité physique ont été récemment actualisées et sont de plus en précises pour les personnes âgées et les personnes atteintes de maladie chronique. En France, la Haute Autorité de santé (HAS) a reconnu dès 2011 l’activité physique comme une thérapeutique non médicamenteuse validée et a développé pour les médecins prescripteurs des fiches techniques par pathologie permettant de les guider dans la prescription d’une activité physique chez les personnes atteintes d’une pathologie chronique. En effet, la prescription de l’activité physique par les médecins est permise depuis le décret du 31 décembre 2016, qui précise les modalités de prescription et de dispensation d’une « activité physique adaptée » dans le cadre d’une affection de longue durée (ALD). Enfin, l’expertise collective de l’Inserm a mis en exergue l’indispensable intégration de l’activité physique adaptée dans le parcours de soins, ajustée à la condition physique du patient, de façon spécifique à sa ou ses pathologies chroniques et aussi précocement que possible.

Activité physique chez les personnes atteintes de maladie chronique

Comme le souligne l’expertise de l’Inserm, « l’inactivité physique et la sédentarité favorisent la survenue d’une maladie chronique et son aggravation. A contrario, la pratique d’une activité physique suffisamment personnalisée, intense et régulière, peut retarder la survenue d’une maladie chronique, limiter ses conséquences et dans quelques cas, la guérir » . Or, les personnes atteintes de maladie chronique pratiquent en moyenne moins d’activité sportive que la population générale de même âge, et une proportion encore plus importante n’atteint pas les recommandations concernant l’activité physique et la sédentarité. L’inactivité physique chronique, ou une baisse soudaine d’activité physique, peut être un signe annonciateur de maladie chronique. Et, fait maintenant largement reconnu, les conséquences insidieuses d’une maladie chronique sont la précipitation d’un processus psychophysiologique d’inactivité physique : le déconditionnement physique, entraînant une sédentarisation, une perte de confiance dans ses capacités physiques, et souvent accompagné de troubles dépressifs mineurs. Il agit comme un processus aggravant la maladie chronique initiale, comme un amplificateur de la fragilité et comme un accélérateur du processus de vieillissement. Il doit être prévenu, évité et corrigé par la mise en place, lors du parcours de soin, de programmes d’activité physique adaptés, généralement supervisés dans un premier temps et inclus dans un programme d’éducation thérapeutique. Ces programmes, pour être acceptés et appropriés sur le long terme par les patients, doivent être ajustés à l’évolution de la maladie et aux préférences des patients. Il est nécessaire qu’ils soient précédés par une évaluation préalable de la capacité physique du patient.

Définitions et mesures de l’activité physique et activité physique adaptée

L’évaluation de la capacité physique du patient requiert de partager un certain nombre de définitions. L’activité physique est définie comme tout mouvement corporel lié à une contraction musculaire, et responsible d’une augmentation de la dépense énergétique supérieure à sa valeur de repos. Toute activité physique peut être caractérisée par le contexte et la finalité de sa réalisation, et par ses spécificités, type, durée, intensité et fréquence dans une période donnée, qui modulent ses effets sur l’organisme. Pour rappel, la HAS, en validant en 2011 l’activité physique comme une thérapeutique non médicamenteuse, précise qu’il s’agit d’une intervention non invasive et non pharmacologique dont les bénéfices sont validés scientifiquement et nécessitent une participation active du patient en interaction ou non avec un professionnel spécialisé. Dans le cadre des maladies chroniques, l’activité physique intervient à deux niveaux : l’activité physique volontaire, qui joue un rôle en prévention primordiale et primaire ; et l’activité physique prescrite, qui est recommandée dans le parcours de soin du patient en prévention secondaire et tertiaire . L’activité physique volontaire se décline sous plusieurs formes : libre (loisir, professionnelle, domestique), exercice physique (activité physique régulière réalisée pour entretenir ou améliorer sa santé) ou sport, qui est un exercice physique réalisé selon un programme d’entraînement et dans un cadre réglementaire. L’activité physique prescrite ou adaptée (APA) doit faire partie du traitement des maladies chroniques. Elle est définie comme une activité physique adaptée aux capacités du pratiquant avec des besoins spécifiques, à son risque médical, à ses besoins et ses attentes. L’objectif de l’activité physique prescrite ou adaptée ne se résume pas à rendre sa pratique accessible mais à favoriser la mise en place d’un projet personnel d’activité physique autonome et durable.

Dans un but sanitaire l’activité physique est prescrite sous deux formes, aérobie et renforcement musculaire, dont l’association est la plus bénéfique. L’activité physique aérobie, ou endurance, regroupe les exercices dynamiques de durée prolongée, au moins cinq minutes, qui sollicitent des masses musculaires importantes. Son intensité, en poucentage de la consommation maximale d’oxygène (VO2 max.), est d’autant moins élevée que la durée de l’effort est longue. Un exercice d’intensité modérée est associé à un essoufflement modéré n’interdisant pas la conversation. Le renforcement musculaire, ou musculation légère, regroupe des exercices de courte durée sollicitant généralement un ou quelques groupes musculaires ciblés. L’intensité de l’effort se chiffre en poucentage de la force maximale volontaire ou résistance maximale (RM), qui correspond à la charge maximale que l’on peut soulever, tirer ou pousser lors d’un exercice unique. La VO2 max. correspond à la quantité maximale d’oxygène qu’un sujet peut consommer par minute. Elle est exprimée en ml/min/kg ou plus communément en MET : 1 MET, abréviation de Metabolic Equivalent of the Task, correspond à la VO2 de repos, qui est égale à 3,5 mlO2/min/kg. La VO2 max., ou capacité physique, est considérée comme le meilleur marqueur pronostic d’espérance de vie . Comme cités précédemment, l’inactivité physique et le comportement sédentaire sont deux facteurs de risque, indépendants l’un de l’autre, de survenue ou d’aggravation de la plupart des maladies chroniques. L’inactivité physique est définie comme une pratique hebdomadaire d’activité physique inférieure aux seuils recommandés par l’OMS. Ces seuils proposés en fonction de l’âge sont depuis 2020 d’au moins 30 à 60 minutes d’activité physique modérée et/ou de 15 à 30 minutes d’activité physique élevée pratiquées cinq fois par semaine pour les adultes au-delà de 18 ans, avec association d’activités d’équilibre au-delà de 64 ans. Pour la première fois, en 2020, l’OMS inclut les personnes atteintes de maladie chronique dans ses recommandations mais en nuançant les seuils recommandés : les adultes atteints de maladie chronique devraient commencer par de petites quantités d’activité physique et en augmenter graduellement la fréquence, l’intensité et la durée au fil du temps. Lorsque la personne atteinte de maladie chronique n’est pas en mesure de répondre aux recommandations, elle devrait viser à faire de l’activité physique en fonction de ses capacités et à limiter sa sédentarité. Un peu d’activité physique vaut mieux que pas du tout. Pour les enfants et les adolescents, 60 minutes par jour d’activité physique modérée et/ou intense sont recommandées. Un comportement sédentaire est caractérisé par au moins 6 heures/jour de temps d’éveil passé à réaliser des activités d’une dépense énergétique inférieure à 1,6 MET. La répétition de durées prolongées (plus de 2 heures) de temps passé assis sans se lever est particulièrement délétère.

Conclusion

Les preuves scientifiques des bénéfices de l’activité physique et en préventions primaire, secondaire et tertiaire des maladies chroniques sont indéniables. Ainsi l’activité physique diminue toujours le risque de développer une maladie chronique. De plus si celle-ci s’est déclarée, l’activité physique améliore toujours la qualité de vie du patient, freine souvent les complications et les morbidités et diminue la mortalité. Enfin son rapport coût/bénéfice positif est bien affirmé. Au total, il paraît justifié en prévention primaire de lutter contre la culture de l’inactivité physique et de la sédentarité, qui se développe dans nos sociétés, et en prévention secondaire et tertiaire de ne pas se limiter à une médecine uniquement curative, qui paraît atteindre ses limites, mais y associer une médecine préventive à l’efficacité prouvée.