Union européenne: vers un protectionnisme vaccinal

Union européenne: vers un protectionnisme vaccinal

Union européenne: vers un protectionnisme vaccinal

Le laboratoire AstraZeneca, qui devrait obtenir vendredi une autorisation de mise sur le marché européen pour son vaccin, a annoncé qu’il ne pourrait honorer que 40 % des commandes européennes prévues pour le 1er trimestre. Lundi, les justifications de l’entreprise britanno-suédoise, qui allègue des « rendements réduits » dans l’usine d’un de ses sous-traitants, n’ont pas convaincu les Européens. Des responsables de l’UE doivent se rendre dans cette usine dans les prochains jours. Une nouvelle réunion avec AstraZeneca est en outre prévue ce mercredi.

A Bruxelles, la coupe est pleine. « L’UE a pré-financé le développement et la production des vaccins, et souhaite en récolter les fruits ».

Le laboratoire a annoncé la semaine dernière que ses livraisons européennes seraient réduites de 60 % pour le premier trimestre 2021, invoquant des problèmes dans l’usine belge d’un de ses sous-traitants. L’explication ne convainc pas les Européens qui soupçonnent AstraZeneca d’avoir déjà vendu les doses à un prix plus élevé à des Etats tiers.

Déjà échaudée par les retards de livraison annoncés la semaine précédente par Pfizer et finalement revus à la baisse, Bruxelles a décidé d’agir en proposant aux Vingt-Sept la mise en place d’un nouveau « mécanisme de transparence » pour les vaccins. « Toutes les entreprises produisant des vaccins contre la Covid-19 dans l’UE vont devoir notifier chacune des exportations qu’ils veulent réaliser vers des Etats tiers ». L’Union européenne prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger ses citoyens et ses droits .

Confusion. Une sortie qui n’a pas manqué de créer une certaine confusion. L’UE se contentera-t-elle de s’informer des exportations pour parer à la mauvaise foi éventuelle des laboratoires ou se donnera-t-elle la possibilité de bloquer lesdites exportations si ses commandes ne sont pas honorées ? La première option serait pour l’heure privilégiée par Bruxelles, qui dévoilera sa proposition en fin de semaine.

Certains Etats membres penchent pourtant pour la seconde. « Il ne s’agit pas de privilégier l’Europe mais qu’elle obtienne la juste part des vaccins produits – c’est pourquoi une restriction à l’exportation a du sens », qu’il y ait des problèmes de production, soit,mais ils doivent alors affecter tout le monde de la même manière ».

Outre-Manche, les velléités allemandes ont été fraîchement accueillies. « Le protectionnisme n’est pas la bonne approche au milieu d’une pandémie », a tancé le ministre britannique de la Santé , précisant vouloir « travailler avec l’UE pour nous assurer qu’aucune restriction n’est mise en place, même si la transparence est la bienvenue… »

Côté français, enfin, on peinait mardi à adopter une position tranchée. La ministre déléguée de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher semblait pencher pour un simple mécanisme de transparence mis en place « pas pour empêcher ces produits d’être exportés – il est normal qu’un certain nombre de pays soient approvisionnés – mais pour compter les doses qui sortent ». Le débat ne fait que commencer.